Hellfest 2011, nous y étions !

En est-il en festival comme en mariage : pluvieux rime-t-il avec heureux ? Comme nombre de festivaliers, ce doute m’habite en ce vendredi matin. Car c’est un fait : le métalleux s’acclimate plus à la bière (pas moins de 100.000 L consommés en 4 jours) qu’à l’eau. Mais qu’à cela ne tienne, nous voilà partis pour assister à cette sixième édition du Hellfest, une fois de plus riche en promesses. Jugez plutôt :JUDAS PRIESTIGGY POP AND THE STOOGESCORONERROB ZOMBIEOZZY OSBOURNE,THIN LIZZY pour ne citer qu’eux… Et pour celles et ceux qui douteraient encore de l’importance de la scène Metal et de son public, voici quelques chiffres des plus éloquents : le Hellfest, c’est 118 groupes, 4 jours de musique, 80.000 festivaliers, 67 nationalités différentes et 1.300 bénévoles… Mais passons tout de suite au cœur du sujet…

JOUR 1

Premier constat : lorsque l’on foule en ce vendredi matin le site du Hellfest, l’affluence est déjà là, difficile même d’atteindre les barrières devant les scènes. La réputation du Hellfest n’est décidément plus à faire. Et les métalleux sont décidés à en découdre : en cette période de crise, ils ont besoin de se défouler ! Mosh et circle pit sont déjà de rigueur avec SUICIDE SILENCE alors que les douze coups de midi n’ont pas encore sonné.

La programmation de ce vendredi rythme avec éclectisme : du Hard rock avec pattes d’ef et harmonica de THE ANSWER au Brutal Death de KRISIUN en passant par la J-Pop de MAXIMUM THE HORMONE et le Punk Rock de THE DWARVES, il y en a décidément pour tous les goûts. De quoi capter l’attention du public et ce n’est pas gagné, avec près de 48h de musique non stop sur 3 jours…

Les capes de pluie sont de sortie en ce vendredi, mais pas de quoi refroidir nos ardeurs… encore que… Heureusement, malgré ces épisodes pluvieux plus ou moins intenses, pas de quoi transformer le terrain en véritable tourbe, comme en 2007.

Ce qu’il faut retenir de cette première journée : la violence de SUICIDE SILENCE, la sympathie de THE DWARVES – un chanteur qui vient slammer dans le public, non pas une, mais deux fois, c’est suffisamment rare pour être souligné ou encore la folie des Japonais de MAXIMUM THE HORMONE. Le concert à ne pas rater était bien évidemment celui d’IGGY POP AND THE STOOGES, sec comme un coup de trique à 64 ans… La prestation fut de qualité, Iggy ayant l’énergie d’un jeune homme, toujours aussi provocant. Bah merde : c’est à se demander si les cinq fruits et légumes par jour, faut pas les sniffer pour garder la forme… La palme de la déception revient, comme c’est souvent le cas, à une des têtes d’affiche. Pour plusieurs raisons : les attentes sont toujours plus grandes pour celles-ci et la formation qui se produit à bien souvent le sentiment – à tort – de ne plus avoir rien à prouver. J’ai donc nomméROB ZOMBIE. Le public s’attendait à un show tout autant visuel que musical, si ce n’est plus. Quelle déception ! Trois pauvres nanas les seins à l’air, rattrapées par trois gars déguisés en squelette pour une brève apparition avant un lancer de ballons de couleurs dans la foule ? On est bien loin des shows à la ALICE COOPER ouMARILYN MANSON. Même au niveau de la musique, un esprit Pop l’emporte sur l’aspect Metal : pas de noirceur ni de Grand Guignol avec effusions de sang (reviens Alice avec ta guillotine !). A croire que la musique est un passe-temps pour Rob et que toutes ses tripes, il les met désormais dans le cinéma (avec talent, il est vrai). Cette déception n’entache pourtant en rien le plaisir que nous avons tous ressenti à nous retrouver en famille et nous n’avons qu’une hâte : être au lendemain.

JOUR 2

Autant la programmation était variée la veille, autant elle est linéaire – ce qui ne veut pas dire inintéressante – sur la MainStage 2 en ce samedi : que du Thrash, avec les fleurons du genre certes, j’ai nommé le trio infernal, DESTRUCTIONSODOM etKREATOR.

En guise de mise en bouche, commençons par TOTAL FUCKING DESTRUCTION et son batteur fou. On regrettera juste pour poursuivre dans le délire l’absence dans la programmation d’ANAL CUNT, pourtant initialement prévu mais finalement retiré, car même dans le Metal, un minimum de politiquement correct est de rigueur. Le prix à payer pour un minimum de reconnaissance et de respectabilité ? S’il y a des limites à ne pas dépasser en termes de lyrics, aucune limitation par contre en termes de violence : on notera ainsi particulièrement les prestations de NASTY, formation belge de Hardcore Beatdown, ou encore de TERROR et son Hardcore furieux, ou encore le Black extrêmement maîtrisé d’un 1349.
Nous avions droit hier à IGGY POP AND THE STOOGIES. Aujourd’hui, c’est au tour de deux autres légendes du Hard Rock de nous rendre visite : THIN LIZZY et SCORPIONS. Le premier a été formé en 1969, le second, en 1965. Cela ne nous rajeunit pas : c’est moins agité que sous les tentes, mais comment envisager de rater les prestations de groupes aussi mythiques ? Et en ce samedi, il est clair qu’une bonne partie du public s’est d’ailleurs déplacée pour SCORPIONS, qui, depuis 2010, est en tournée d’adieux (objectif : 200 dates jusqu’en 2012). Le résultat est pourtant en demi-teinte : les vidéos projetées sur écran pour agrémenter le show sont un peu kitsch, pour ne pas dire dans l’esprit « chaussettes-sandales », le solo de James Kottak (batteur) et celui qui suivra de Mattias Jabbs (guitare) un peu longs, un show amputé de 30 minutes. Enfin, faire l’impasse sur des classiques comme « Wind Of Change » est impardonnable, car nombre d’entre nous sont pourtant venus pour ces mièvreries teutonnes qui ont bercé nos boums d’ados… La faute aussi au combo qui a longtemps cru que seuls leurs slows nous intéressaient : c’est ce qu’on appelle une prophétie auto-réalisatrice.
N’oublions pas parmi les vétérans : U.F.O., lui aussi fondé en 1969, et qui, en cette après-midi, nous a offert un concert de toute beauté, tout en finesse et en maîtrise et les cœurs vibrent à l’unisson avec les cordes de Vinnie Moore.
La deuxième génération est représentée également avec BLACK LABEL SOCIETY. Zakk Wylde, né à Bayonne, sans être basque, puisque c’est Bayonne au New Jersey, est en très grande forme et son Heavy / Southern Metal captive l’audience. Et même si cette audience, il l’oublie à l’occasion d’un solo un peu trop nombriliste qui s’éternise, force est de constater que, même pour un néophyte, la musique des Américains, coiffe indienne ou pas, vous accroche sans vous lâcher.
Samedi soir, c’est aussi l’heure de l’hommage à Patrick Roy, décédé récemment, héraut de la cause du Metal à l’Assemblée nationale, sur fond de feu d’artifice et de « Those About To Rock » d’AC/DC. Séquence émotion. Sera également saluée la mémoire de DIO, Peter Steele (TYPE O NEGATIVE) mais aussi Eric Ledroit, responsable de la sécurité sur le site. RIP.
Pour les plus courageux et les purs et durs, CORONER monte sur scène après l’avoir quitté en 1996. Du Thrash technique intense pour les fans de la première heure. Et même si pour reprendre les propos de BIOHAZARD : « Music is for you and me, Not the fucking industry », extraits de leur titre « Business », on regrettera que le groupe n’ait pas bénéficié en leur temps de l’appui de leur appel car les petits Suisses ont tout d’une grande.

JOUR 3

Dimanche matin : nous sommes rincés, mais la pluie n’y est pour rien, plutôt une question de fatigue mais cela n’enlève rien au plaisir… Les organisateurs ont pensé à tout : la programmation est plus Heavy et Prog, plus traditionnelle (PAIN OF SALVATIONANATHEMAMR. BIGDOROTHERIONOPETH ou encore DUFF MC KAGAN’S LOADED, attendu par certains pour son passé au sein de GUNS N’ ROSES mais qui n’a à proposer qu’une musique sans aucun relief) ou alors à tendance Folk avec TURISASou ORPHANED LAND. Le public a envie d’être zen ce dimanche : la journée n’est pas encore finie, mais nous sommes déjà nostalgiques de ces trois jours passés ensemble et déjà certains ont acheté leur billet pour l’année prochaine. Etre zen, cela ne veut pas dire bouder son plaisir sur CAVALERA CONSPIRACY : après une prestation en demi-teinte lors de leur passage au Hellfest en 2008, les frères CAVALERA nous reviennent gonflés à bloc, bien secondés par Marc Rizzo (guitare) et Johnny Chow (basse). C’est enfin à la vraie prestation d’un groupe à part entière à laquelle nous assistons, même si nous pouvons aussi compter sur les inévitables reprises deSEPULTURA. Impossible de résister à l’appel du moshpit.
Assez rigolé et inclinons-nous maintenant, car JUDAS PRIEST est là pour son Epitaph Tour : en début de prestation, Rob inquiète, il semble diminué tout comme sur la tournée dédiée à leur dernier album Nostradamus. Est-il fatigué ou alors affecté par le départ de K.K. Downing, guitariste fondateur du groupe ? Mais l’inquiétude est de courte durée : Rob a retrouvé de la voix, le petit nouveau Richie Faulkner assure et le public s’époumone comme un fou. Les classiques s’enchaînent, mais 85 minutes, c’est trop court : on en vient à regretter que, le lendemain même, le groupe se produise sur Paris (drôle d’idée de la part du tour manager !), car cela paraît difficile d’enchaîner. Les métalleux se transforment en véritables groupies : pas encore à s’évanouir ou jeter son caleçon sur scène, mais pas loin…
A peine remis, c’est au tour d’OZZY OSBOURNE de nous hypnotiser. Encore autant de classiques et d’intemporels que tout métalleux se doit d’entendre au moins une fois sur scène. Les projos évitent scrupuleusement d’éclairer en pleine lumière Ozzy, mais le talent est toujours là. On en a les jambes coupées. Que dire d’autres surJUDAS PRIEST ou OZZY OSBOURNE ? Cela se passe de mots, tout simplement.
Terminer par CRADLE OF FILTH : appelez cela du masochisme, car la prestation, une fois de plus, est des plus brouillons. Arriveront-ils un jour à nous offrir sur scène une musique à la hauteur de celle qu’ils nous délivrent sur album ? La question reste posée.
Il est 2h du matin, les dernières notes de cette édition 2011 vrombissent encore dans l’air. L’année prochaine, le Hellfest aura bien lieu à nouveau à Clisson, mais sur un autre site à proximité.

Au final, que doit-on retenir de ce festival ? Un chanteur qui slamme dans la fosse (THE DWARVES) ? Un chanteur en fauteuil (POSSESSED) ? Un chanteur qui fait le Malin (MAYHEM) ? Un chanteur qui se prend pour Dieu (ORPHANED LAND) ? Un chanteur qui vient en famille (CAVALERA CONSPIRACY) ? Un chanteur qui brille comme un sapin de Noël (mais Rob brille déjà au firmament des Metal Gods) ?… Le Hellfest, c’est tout cela à la fois, avec une pensée émue pour tous ces groupes que nous n’avons pu voir, faute de don d’ubiquité (SEPTICFLESHCONVERGEGRAND MAGUSTHE BLACK DAHLIA MURDERELECTRIC WIZARD…).
Metal forever !

Live Report détaillé sur Metal-Impact.com