« On met beaucoup de sérieux dans ce qu’on fait, et en même temps on n’en met pas, on est dans un entre-deux. », expliquait dans une interview Alix, l’une des voix d’Odezenne.
Odezenne, c’est le groupe qui ne se prend pas au sérieux mais qui a pourtant une musique sérieusement accrocheuse.
C’est pendant l’édition 2016 du Printemps de Bourges que nous avons tourné leur Deezer Session au théâtre Jacques Cœur. Un voyage à tâtons dans la musique d’Odezenne dont on ressort un peu aveuglé, comme par les phares d’une voiture, et surtout très charmé.
La force de ces trois amis, ça a d’abord été la force des mots. Au départ considérés comme des rappeurs, ils se défendent de rentrer dans un genre, une case, et refusent qu’on leur colle une étiquette. « On n’essaie pas de sauver le rap, on essaie de se sauver du rap. », disait Mattia, le compositeur du groupe.
« Quand on nous écoute, on écoute Odezenne. Non pas parce qu’on n’a pas d’influences ou autre, mais parce que même nous on ne sait pas ce qu’on fait. Ça sort comme ça. On fait de la musique, sans chercher à définir les choses. » Odezenne, c’est un peu des parieurs, des cascadeurs. Audacieux, ils ne vont pas se blottir dans un genre mais préfèrent slalomer entre les styles et se définissent avant tout comme « des mecs qui chantent en français et explorent des trucs ».
L’histoire commence en 2008 avec l’EP Sans chantilly, se poursuit avec la sortie d’O.V.N.I en 2011 puis de l’EP Rien en 2014 et un clip qui fait parler : celui de Je veux te baiser. Des paroles souvent crues mais vibrantes, qu’on retrouve dans Un corps à prendre ou Bouche à lèvres, extraits du petit dernier : l’album Dolgizer Str. 2.
Pour Dolgizer Str. 2, Odezenne est parti à Berlin, mais une fois de plus le groupe n’a pas fait comme tout le monde : « […] je ne trouve pas que Dolziger Str. 2 soit très lié à la minimal music de la ville. C’est davantage le côté froid qui l’influence, ce qui est assez logique quand il fait -18° dehors. Notre disque, c’est donc plus le Berlin vu de la fenêtre avec un currywurst dans la main et les yeux rivés vers les oiseaux. », selon Jacques, la deuxième voix du groupe. L’ambiance, c’est eux qui la créent, ils ne viennent pas chercher quelque chose qui serait déjà là. Ils ont leur propre poésie, leur propre musique.
Des rimes, des morceaux de texte qui se rencontrent : Odezenne, c’est une écriture qui tourbillonne, à l’image de leur musique, des paroles brutes mais un tout qui donne une agréable sensation de tournis.
Bâtisseurs, ils peuvent partir de tout et pas grand chose, comme avec Souffle le vent, un son qui ressemble au miaulement d’un chat, sur lequel on a posé des paroles. Ou encore comme le nom de leur groupe : « Odezenne, c’était le nom de notre ancienne proviseure, on l’a utilisé dans un freestyle, ça nous a fait marrer, on l’a gardé ». Cette nonchalance apparente, c’est ce qui leur permet de partir d’une idée, d’une discussion, d’une observation pour arriver à produire plusieurs minutes d’une musique joliment envoûtante.
Odezenne virevolte sur la scène du théâtre Jacques Cœur, l’espace de 3 titres doucement percutants. Découvrez les vidéos d’Un corps à prendre, Souffle le vent et Bouche à lèvres.