VIDÉO : la Deezer Session de Mykki Blanco va vous mettre une grosse claque.
Mykki Blanco transgresse tous les codes du hip hop et « n’en a rien à foutre de ce que vous pouvez penser ». Michael Quattlebaum Jr., plus connu sous son nom de scène, Mykki Blanco, vous laissera sans voix après Fendi Band, I’m In A Mood et Hideaway, extraits de son nouvel album magnétique, Mykki, sorti en septembre 2016.
Très inspiré par le mouvement Riot grrl et homocore, Blanco est considéré comme l’un des pionniers du hip hop queer, avec Le1f et Zebra Katz, bien qu’il choisisse de ne pas être catégorisé sous l’étiquette « rap gay » ou comme un « artiste drag ». Mykki se revendique plutôt transgenre et questionne ainsi le besoin que nous avons de le cataloguer pour pouvoir appréhender sa musique sans concession. Tout ce qui fait la puissance artistique de Blanco c’est qu’il reste qui il est – insaisissable mais captivant. Tel quel.
Blanco n’est pas un imposteur, Blanco est un artiste qui vous donne des frissons, un activiste et un défenseur des droits de la communauté LGBT. Pas de bling bling chez Mykki, il ne sort pas des titres qu’on aurait envie d’écouter près de la piscine, parce que les mots qui qualifient le mieux sa vie sont la douleur et l’acceptation. Mykki est intrépide et fascinant.
L’émotion et la sincérité qui émanent de son nouvel album trouvent leur point d’ancrage dans la révélation de sa séropositivité sur Facebook en 2015. Atteint du VIH depuis 2011, Mykki pensait que son témoignage mettrait fin à sa carrière, c’est le contraire qui s’est passé puisqu’il a au contraire bénéficié du soutien massif de ses fans et d’autres artistes (comme Woodkid, qu’on entend sur le single « High School Never Ends »).
Cette émancipation a ensuite entraîné Mykki à aborder de multiples problèmes autour de l’échec du système politique et du système de santé aux Etats-Unis. Il se bat notamment pour qu’on considère sérieusement l’importance de manger sainement pour mieux profiter de la vie, affirmant dans une interview pour Fader, « J’ai foi en la sagesse, il ne s’agit pas seulement de survivre, mais de vivre, de se dépasser. ». Mais comment peut-on se dépasser, s’épanouir, quand le système de sécurité sociale américain laisse toute une partie de la population de côté ? Pour Mykki c’est également évident qu’il est plus facile d’être en bonne santé et de choisir d’être végétalien quand on vit dans un milieu aisé. Il pointe du doigt le gouvernement qui entretient et même encourage le racisme alimentaire et l’exclusion sociale par la nourriture, faisant référence à des villes comme Detroit ou La Nouvelle-Orléans qui dans certains quartiers n’ont même pas de vraies épiceries.
En assumant complètement d’être queer, et en donnant un grand coup de pied à l’illusion à peine voilée qu’est le rêve américain, Mykki est rapidement devenu l’un des rappeurs les plus frontaux, passionnés et impressionnants de sa génération. Ne le perdez pas de vue, Blanco appuie là où ça fait mal.