Hyperpop : tout comprendre à la pop du futur

Clips, chorégraphies, univers déjantés et décomplexés : l’hyperpop se joue des codes et empile les références. Entre musique pop et expérimentale, l’hyperpop est un genre hybride : plusieurs styles musicaux s’y mélangent pour créer un son unique, qui alterne des basses vibrantes, des samples de rap, des riffs de hard rock et des notes d’électro. Ce qui la caractérise ? Une liberté absolue de créer. Sa force ? Repousser les limites et réimaginer les frontières, à l’image de la Gen Z, qui l’a portée sur le devant de la scène.

Playlist Hyperpop Deezer

Les artistes phares de l’hyperpop

L’artiste queer et transgenre SOPHIE a joué un rôle majeur dans le succès de l’hyperpop. Associée dès 2015 à A. G. Cook, fondateur du label anglais PC Music, elle développe un style à l’ironie mordante. Disparue en 2021, elle laisse derrière elle trois albums qui ont marqué les esprits. Sa voix suave et discrète, dominée par une électro expérimentale, dévoile un univers queer et poétique. Son album Oil of Every Pearl’s Un-Insides a été acclamé par la critique. De l’album, on retiendra tout particulièrement « It’s Okay To Cry », « Immaterial » et « Ponyboy », qui ouvrent de nouveaux territoires à explorer.

À la même époque, le duo américain 100 Gecs, formé en 2015 par Laura Les et Dylan Brady envoie du lourd. Arrangements électroniques chaotiques, mélodies ultra-dynamiques, influences hard rock, rock et pop, paroles parfois absurdes : leur personnalité est hyper originale. Leur album 1000 gecs est souvent cité comme une référence, avec des morceaux tels que « Money Machine » et « Hand Crushed By a Mallet ». On aime leur incroyable énergie et leur inventivité, qui les amène à utiliser jusqu’à des bruitages de jeux vidéo dans leurs tracks.

On pense aussi à Arca, de son vrai nom Alejandra Ghersi, productrice et DJ vénézuélienne. L’artiste non binaire a collaboré en 2015 avec Björk, qui partage, comme elle, un gout prononcé pour l’étrange et l’expérimental. Ses albums, comme Xen et Mutant, piochent dans des compositions d’avant-garde.

L’hyperpop, à la pointe de la technologie

L’utilisation de sons électroniques et l’expérimentation technologique sont au cœur de l’hyperpop. Et ce n’est pas le collectif et label PC Music qui dira le contraire. Des morceaux comme « Hey QT »de QT ou encore « Broken Flowers » de Danny L Harle combinent mélodies pop, arrangements électroniques futuristes et effets vocaux déformés. Dans l’hyperpop, on aime user et abuser des logiciels de traitement de la voix pour en dépasser les limites. Voix modifiées, modulées ou fragmentées font partie des caractéristiques de l’hyperpop.

Cette veine expérimentale se retrouve aussi dans l’utilisation de glitches comme dans « Literal Legend » de Ayesha Erotica ou de sons électroniques venus du jeu vidéo, comme dans le titre « Ferrari » d’Alice Gas. En ce sens, l’hyperpop peut-être parfois très proche de la glitch pop.

Un univers ultra-référencé

L’hyperpop se plait aussi à citer d’autres morceaux, en les samplant en hypertrophiant les sons de certains passages. Charli XCX pimente ainsi souvent ses morceaux avec des références vintage. Dans son album Pop 2, elle sample « I Luv U » de The Ordinary Boys, une chanson indie rock des années 2000 et lui offre une seconde jeunesse avec des beats électroniques percutants.

Dorian Electra ajoute elle aussi une dose de rétrofuturisme à ses morceaux. Dans « Career Boy », on retrouve l’influence des années 80, avec des synthés qui rappellent les tubes de la new wave. Hannah Diamond, quant à elle, embrasse pleinement l’esthétique rétro. Dans « Attachment », on reconnaît des influences des années 2000, avec des sonorités qui évoquent les mélodies sucrées de Britney Spears.

Enfin, Slayyyter est connue pour son approche nostalgique de l’hyperpop. Dans « Daddy AF », elle s’inspire clairement des sons des années 90 et des débuts des années 2000 avec des claviers et des beats qui rappellent les tubes de la bubblegum pop.

Quand l’hyperpop s’invite dans le rap

L’hyperpop réalise avec le rap une fusion délirante qui n’a pas peur de secouer un peu les codes. Véritable terrain de jeu, l’hyperpop devient un répertoire à ciel ouvert de sons électro-industriels et de textures sonores expérimentales qui s’éloignent des conventions du rap traditionnel. Nouvelle source de créativité, l’hyperpop est très présente chez Playboi Carti, par exemple. Sur l’album Whole Lotta Red, il utilise des voix modifiées, couplées à des beats électro percutants. Dans« XXXTC », Brooke Candy nous prouve que l’hyperpop peut apporter une dose de fun et de folie au rap en mélangeant des influences électro-pop déjantées à des beats typiquement rap. Lil Uzi Vert, un rappeur aux flows décalés, est également influencé par l’hyperpop. Dans son hit « XO TOUR Llif3 », on peut entendre des mélodies sombres et des textures sonores électroniques qui ajoutent une dimension futuriste à son style.

L’hyperpop made in France

L’Hyperpop française a vu percer des artistes comme ascendant vierge, Owlle, Timothée Joly ou winnterzuko. Ce dernier adopte les influences vintage des années 80 et 90, propres à l’hyperpop. Il y mêle des références à la French Touch des Daft Punk ou de Phoenix et intègre ces influences dans son rap pour un résultat détonnant. On peut citer par exemple le morceau « Off » dont l’intro tire vers une électro dance très eigthies, « 115 » ou encore « Help! », une collab avec Realo.

Il faut dire que la scène rap française apprécie particulièrement le mélange entre la tradition du genre et l’hyperpop. Surtout lorsqu’il s’agit d’aller piocher des samples électro vintage avec des beats à 100 à l’heure qui décoiffent, des vibes explosives et un groove made in France. Aux avant-postes, la Bordelaise BabySolo33 invente un genre nouveau aux portes de l’emo-R’n’B mêlant 2 Step et effets électro envoûtants avec des titres comme « LilWitch » ou encore « Leçon2Princess ».

Tu l’auras compris, ce qui rend l’hyperpop passionnante, c’est sa multitude d’influences qui fabriquent des identités uniques et sa tendance ultramoderne dessinée par des artistes épris·e·s de liberté.